Joy Ripart, une frenchy à New York
Joy Ripart, ancienne étudiante à l’ECV Bordeaux, expatriée aux États-Unis répond fièrement à nos questions sur son parcours professionnel. Passionnée par la création d’identité visuelle, elle travaille aujourd’hui dans une grande agence de conseil New-yorkaise, spécialisée dans l’immobilier et l’hôtellerie de luxe et apporte sa « French touch » en tant que Graphic Designer.
Pourquoi avoir choisi l’ECV à l’époque ?
J’avais vu plusieurs écoles de communication visuelle à Bordeaux mais un ancien de l’ECV m’a fortement recommandé l’école. J’étais venue aux journées portes ouvertes et la qualité des travaux avait terminé de me convaincre.
Durant ton cursus, qu’est ce que l’ECV t’a apporté ?
Beaucoup de choses ! Je ne citerai pas les matières, c’est trop premier degré. Je dirais la rigueur, le travail en équipe, se donner à 200% pour ses projets, la polyvalence, ne pas compter ses heures, être passionné chaque jour et le partager, mais aussi atteindre des objectifs à partir de sa créativité, ce qui induit des compromis et ce n’est pas toujours évident quand on est un jeune créatif. Ce sont des moments où nous sommes très créatifs et quand je regarde en arrière c’est incroyable le nombre de projets divers et variés que l’on a pu faire durant notre cursus tout en apprenant aussi à répondre à une demande avec des contraintes. C’était des années très riches et intenses !
Tu as suivi Bernard Trey pendant un an et demi pour un projet éditorial. Peux-tu nous expliquer ton projet ?
Bernard Trey, architecte et urbaniste à la carrière internationale assez impressionnante, m’a engagé pour refondre et donner forme à dix années de recherche en urbanisme novateur avec des concepts totalement inédits. « La Longue ville» a pris la forme d’un livre de 70 pages dont j’ai réalisé toutes les illustrations et schémas techniques, la ligne identitaire, la mise en page, le suivi éditorial, la relecture… J’ai aidé l’auteur à prendre du recul sur dix années de recherches intenses, j’ai essayé d’y donner une image claire, nette, mais aussi sensible car l’auteur souhaitait une dimension artistique pour mettre en valeur son projet. J’ai aussi réalisé une vidéo en motion design, je l’ai accompagné à des conférences et des évènements importants à l’échelle locale, j’ai suivi le projet avec son éditeur et à l’impression… c’était un projet de A à Z en direction artistique et sur un sujet très complexe. C’était une très belle expérience et j’ai adoré la polyvalence que j’ai pu avoir sur ce projet. C’était aussi beaucoup de pression car je sortais à peine de l’école et étais déjà free-lance à 22 ans et totalement indépendante. (sans passer par la case agence)
New-York, une nouvelle expérience ! Comment en es-tu arrivée là ?
Après deux années de freelance je suis partie en voyage un mois aux États-Unis pour faire une pause et prendre du recul. La passion que je pensais avoir pour New York s’est confirmée et j’ai passé un séjour fabuleux là-bas. L’énergie de cette ville, sa diversité culturelle, linguistique, artistique… mais aussi les aspects moins touristiques m’ont séduit. Un peu moins d’un an après ce voyage, après 8 mois en agence et beaucoup de remises en question, je décidais de repartir avec l’intention d’y rester en trouvant un job. J’avais 0 contact, aucun réseau… mais j’ai tenté, et j’ai fini par y arriver !
Quelle a été l’événement le plus marquant pour toi depuis ton arrivée ?
Difficile d’en trouver un. Mais il y a un jour qui m’a fait réalisé à quel point ma vie avait changé en quelques temps, c’est lorsque je suis revenue en France pour quelques jours après 10 mois à New York. En décollant de New York j’ai eu l’impression de quitter « chez moi » pour aller « chez moi ». Très étrange… Et j’ai eu la même sensation au retour des vacances… Je pense que tous les expatriés connaissent cette sensation particulière d’être « divisé » à ce point.
Selon toi quelles sont les qualités requises pour travailler à l’étranger ?
Avec ma propre expérience je dirais tout d’abord beaucoup de détermination… j’ai mis plusieurs mois à trouver un job là-bas, 2 mois de galères pour le visa, ensuite il faut tout mettre en place, la sécu, un appart, etc. New York n’est pas une ville facile et rien ne sera donné, tout est à gagner! Plus généralement, une curiosité naturelle vers l’autre (personne, pays, culture, langage…), une envie de découvrir, une soif d’aventure et une grande capacité d’adaptation sont essentielles.
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Je travaille sur plusieurs projets en même temps qui sont totalement confidentiels pour le moment. Mais globalement, l’agence dans laquelle je suis fait du Branding (création d’image de marque) pour des projets dans l’immobilier de luxe et l’hôtellerie. De A à Z nous créons une véritable marque et un univers autour d’un immeuble. Nous créons la charte graphique et le logo, tous les supports de communication relatifs à cet univers (plans des appartements, brochure, site web, carton d’invitation, présentations digitales pour les salles de vente, signalétique, etc) avec les architectes, mais aussi des animateurs 3D (réalisation des plans du bien en 3D). Mon agence fait en amont toute la stratégie des projets et les accompagne tout au long de la construction et de la vente. Ces projets s’étalent sur des mois voire des années. C’est passionnant car les budgets sont importants et la cible « luxe » donnent l’opportunité d’être très créatif.
Aujourd’hui quelles sont les difficultés que tu rencontres en tant que Française expatriée ?
Il m’est difficile de trouver un bon croissant en dessous de 4 dollars… Plus sérieusement, New York est une ville d’immigration par excellence où se mélangent plein de populations très différentes. Je ne dis pas que ça était facile tous les jours mais aujourd’hui je n’estime pas avoir de réelles difficultés en tant qu’expatriée. Mais j’ai mis plusieurs mois à m’adapter à certaines choses au départ comme la langue qui semble être une « barrière » au départ, même si j’avais un anglais scolaire correct, dans la vie quotidienne professionnelle et sociale cela ne suffit pas, on apprend à avoir une certaine humilité, savoir dire « je ne comprend pas » même si c’est parfois frustrant. Les Américains sont habitués aux différences culturelles, aux gens qui ne parlent pas bien anglais, ils sont très ouverts, très accueillants et beaucoup plus positifs que les français. C’est super, même si au début il est parfois difficile de vraiment connaître le fond de leur pensée. Cela m’a pris du temps mais je commence à avoir de bons amis américains !
Quelle est la « French touch » que tu apportes au sein de ton agence ?
Pour moi la « French touch » c’est une créativité inspirée de la culture et l’histoire que l’on a forcément en France. Nous avons beaucoup de chance de grandir dans ce contexte là et cela donne à certains créatifs français sans doute un petit quelque chose un peu différent. Autant l’histoire de l’art française que l’actuelle culture du luxe (mode, parfumerie, joaillerie, etc) très présente en France aide à avoir plus facilement je pense « bon goût », du moins pour certaines cibles et certains univers. Je pense que c’est cette culture et cet univers un peu différent de celui de mes collègues américains que j’apporte. Mais dans mon agence il y a aussi des hollandais, une suédoise, une coréenne, des porto-ricaines… A New York il est très courant de venir « d’ailleurs » et il y a beaucoup de mixité quoiqu’il arrive.
Quel message voudrais-tu faire passer aux étudiants qui hésitent encore à partir à l’étranger ?
Si vous en avez envie, faites-le. Si vous n’êtes pas sûrs, prenez le temps… J’avais ce désir de partir à l’étranger depuis que j’ai 14 ou 15 ans, et je ne l’ai fait qu’à 25 ans. J’ai pris le temps, fait d’autres choses avant et franchi les étapes à ma façon. Suivez votre instinct, mais n’écoutez pas vos peurs ! Sortez de votre zone de confort, car vous pourrez toujours y revenir… Alors Go !