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La revue Étapes:

Lancée en 1994, Étapes: est une revue trimestrielle traitant des domaines du graphisme, du design, de l’image et de la création. Plateforme dédiée à l’analyse et à la réflexion autour du design et de la culture visuelle, Étapes: couvre des domaines variés comme l’affiche, la typographie, ou le digital. Elle décrypte les tendances, met en lumière les évolutions historiques des métiers et analyse les pratiques du design graphique. Aujourd’hui, Étapes: joue un rôle central en connectant la communauté créative via des contenus pointus en revue et en digital.

couverture Etapes édition pfe

Pour son numéro spécial Écoles & Diplômes, l’influent media Étapes: a décidé de mettre en lumière douze PFE (Projets de Fin d’Études) d’étudiants sortants des meilleures écoles de Design sur les deux dernières années.

À cette occasion, nous sommes plus que fiers d’annoncer que notre alumni Design promo 2023, Agathe Millet, fait partie de la sélection avec son PFE sur les catastrophes écologiques et industrielles.

Cette sélection témoigne de la qualité, tant graphique que de réflexion, du projet d’Agathe qui met en exergue les conséquences des catastrophes actuelles grâce à la création typographique.

PRÉSENTATION ET PARCOURS :

Je m’appelle Agathe, j’ai 24 ans et je suis designer graphique, basée à Montpellier. Je suis devenue graphiste free-lance, en début d’année 2024, suite à l’obtention de mon Mastère de Design Graphique à l’ECV Bordeaux. À côté de mes projets de free-lance, je continue à réaliser des projets personnels qui me tiennent à cœur et je développe également des polices de caractères (ce qui me prend beaucoup de temps, mais j’adore ça !)

 

5 mots pour décrire ton univers ?

 

photo portrait de l'alumni Design Agathe Millet

C’est assez difficile comme question, les premiers mots qui me viennent sont :

  • vibrant, car j’aime faire des visuels avec beaucoup de contraste (coloré ou en noir et blanc)
  • expérimental, pour le côté recherche en terme de matière, de texture ou même de composition
  • conceptuel, car j’essaye toujours d’avoir un vrai parti pris dans mes projets.
  • Pour compléter ces mots, je vais dire passion et adaptabilité.

 

As-tu toujours voulu faire tes études dans ce domaine ?

 

Oui ! J’ai toujours su que je voulais faire un métier créatif, c’est pour ça que je me suis orientée dès le lycée vers un bac d’art appliqué (STD2A) et comme ça m’a beaucoup plu, j’ai continué dans cette voie en intégrant l’ECV Design.

 

Quelle est ta « boîte à outils » de prédilection ?

 

Je commence toujours à bosser en faisant des croquis à la main (ou sur tablette) car j’ai vraiment besoin d’avoir un geste manuel, donc comme outils indispensables: un carnet assez grand avec quelques crayons de couleur et des feutres fins. Côté ordinateur, j’utilise tous les jours le trio gagnant Illustrator – Photoshop – InDesign, parfois After Effects pour animer mes projets, et Glyphs 3 pour créer des polices de caractères.

 

ANNÉES ECV :

Tu as fais tes études à l’ECV bordeaux, quels sont tes souvenirs de l’école ?

 

J’en ai plein ! Déjà, les rencontres que j’ai pu faire pendant ces 5 années; l’ambiance a toujours été hyper bienveillante et chaleureuse. On s’entraidait et partageait beaucoup, ce qui était super inspirant à tous les niveaux (des bisous à toute la promo 2023). Je me souviens de beaucoup de discussions à la machine à café et de beaucoup de devoirs aussi, ce qui, on ne va pas se mentir, était parfois un peu dur à gérer.

J’ai aussi de bons souvenirs des cours et des intervenants qui étaient investis et avec qui on pouvait échanger facilement et développer nos idées. En résumé, c’était assez intense, mais très enrichissant.

 

Parle-nous d’un projet qui t’a marquée à l’école ?

 

Je pense que le projet qui m’a le plus marquée, hors PFE (Projet de Fin d’Études), c’est celui réalisé dans le cadre de la Biennale de Design Graphique organisée par le Signe à Chaumont.

C’était un concours étudiant, dont le thème était les inégalités; avec mes acolytes de choc (Chloé Brouillet et Maëlys Peille), nous avons choisi de dénoncer la censure autour du monde.

 

Agathe Millet - projet Chaumont - typo

 

Afin de sensibiliser à cette injustice, nous avons créé un triptyque de livres dénonçant 3 aspects (libertés civiles, presse et politique) que peut prendre la censure. Pensés comme des diagrammes, les ouvrages sont divisés en 4 parties, qui incarnent respectivement la Finlande, la Chine, le Brésil et l’Égypte afin de représenter plusieurs niveaux de censure selon des régimes politiques et emplacements géographiques différents.
Les datas récoltées sur chaque thème sont exprimées grâce à 3 principes graphiques; les légendes présentes sur les socles permettent de donner le contexte des pays et faire comprendre rapidement le taux de censure de chacun.

 

Agathe Millet - projet Chaumont - typo

 

Ça a été un grand challenge en terme de charge de travail et de technicité, car le projet était entre le design graphique et le design d’objet. Il a fallu penser à toutes les contraintes (qui étaient nombreuses !) d’impression, de faisabilité, d’accessibilité etc… Ça nous a appris beaucoup de choses et au final, notre projet a été exposé pendant la biennale, donc ça valait le coup !

 

LE PROJET DE FIN D’ÉTUDES ET LA SÉLECTION PAR LA REVUE ÉTAPES: :

 

Mon PFE traite des catastrophes écologiques et industrielles de façon abstraite et expérimentale en réemployant des matières polluantes. Son but est de toucher les lecteurs d’une façon un peu différente des campagnes de sensibilisation institutionnelles.

Les catastrophes pétrolières, chimiques et nucléaires sont le cœur du projet; je me suis inspirée de leurs conséquences et de leurs aspects sur l’environnement pour créer neuf polices de caractères très texturées, chacune en lien avec une catastrophe. Je suis allée chercher des matériaux polluants (comme de l’huile de moteur, de la graisse ou encore des cendres) pour réaliser mes lettres. Ça a été un vrai processus de collecte et de réflexion autour des matériaux pollués et/ou polluants qui nous entourent. La création de ces typographies à été la partie la plus longue mais aussi la plus instinctive: j’ai laissé une grande place à l’imprévisible dans le tracé des lettres, car je voulais garder l’aspect imparfait et aléatoire que la matière apportait au projet — au même titre que l’on ne contrôle pas (ou peu) une catastrophe industrielle.

 

Agathe Millet - PFE

 

Suite à cela, j’ai créé des compositions abstraites avec mes fameux caractères, qui faisaient écho à l’univers de chaque catastrophe (par exemple, les visuels concernant le pétrole sont très foncés, contrairement à ceux des gaz chimiques qui sont plus épurés, plus « légers »).
Tout cela prend vie sur des affiches et des livrets; ces derniers contiennent quelques pages inspirées par l’univers de la presse qui expliquent et dénoncent les acteurs de ces catastrophes. Cela rend le projet plus accessible et facile à diffuser.

 

Agathe Millet - PFE

 

Je savais que je voulais réaliser un projet engagé, mais ce thème précis m’est venu un peu par hasard suite à une discussion autour de l’état du monde actuel et de notre avenir à tous. Il y a eu une grande phase de recherche pour arriver à trouver les mots sur ce que je voulais exprimer et la direction artistique du projet.

 

Comment as-tu réagi quand tu as appris que ton projet de diplôme était sélectionné par Étapes: ?

 

Pour être honnête, je ne m’y attendais pas du tout ! La sortie du numéro d’Étapes: a été annoncée avant que je reçoive un mail de leur part, donc je pensais que la sélection avait déjà été faite. J’ai été vraiment surprise ! Et contente aussi, évidemment.

J’ai directement envoyé un message à mon tuteur de PFE, Martin Lavielle, qui m’a épaulée et aidée pour ce projet. Il a toujours été de bon conseil et j’en profite pour le remercier une nouvelle fois (merci Martin !)

 

Qu’espères-tu de cette sélection ?

 

J’espère sensibiliser sur la question des catastrophes industrielles grâce à ce projet, de susciter des réactions et de donner envie d’aller s’informer.

J’espère aussi faire découvrir mon travail dans sa globalité; je suis ouverte à la discussion, que ce soit en lien à mon PFE ou à portée professionnelle.

 

Agathe Millet - PFE

 

 

Étapes: c’est un média que tu consommes régulièrement ?

 

J’ai quelques numéros chez moi sur des sujets qui m’intéressent particulièrement; c’est un magazine que toujours j’ai plaisir à feuilleter. C’est un bon moyen de découvrir de nouvelles références et de rester informée sur le design graphique.

 

Qu’est-ce que tu dirais à quelqu’un qui souhaiterait faire des études dans le Design ?

 

Je lui conseillerais d’être organisé pour éviter de faire des nuits blanches et de développer une certaine addiction au café. Plus sérieusement, je dirais qu’il faut pas se limiter dans ses projets, et faire ce qui lui plait et qui lui ressemble.

La liberté de création qu’on a à l’école est précieuse, c’est aussi le moment où on peut tester, se tromper, recommencer etc… Il faut en profiter!

Merci à l’ECV pour cet échange!

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